Les moteurs de recherche et les médias sociaux contrôlent également ce qui parvient à nos yeux. Les programmes informatiques comme Chat GPT auront bientôt un impact similaire. Des garde-fous sont instaurés au sein de toutes ces technologies afin d’éviter des dérives inappropriées. Ces protections destinées à un débat public sécuritaire peuvent aussi en exclure des voix bénéfiques. Certains thèmes en sont bannis ou déclassés férocement. Le pouvoir d'inclure ou d'exclure des résultats sur les moteurs de recherche détermine ainsi quelle information façonne le domaine public.
Sexe, désirs et data a été confronté à une véritable chape de plomb au moment de sa promotion à cause de sa nature « explicite ». Édouard Lanctôt-Benoît, Développeur créatif impliqué dans la production de l’exposition, souligne que ces algorithmes empêchent la diffusion de certaines représentations artistiques, particulièrement dans des domaines sensibles comme la sexualité.
« On parle de sexualité et c'est bloqué de partout, »
explique-t-il, mettant en lumière les restrictions imposées par les filtres d'IA. Ces filtres, selon Edouard, limitent la discussion et la création autour de sujets comme la sexualité, même abordée de façon positive. Il dénonce le fait que les algorithmes de génération d'images « font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher la création d'images autour du sexe, » soulignant un problème dans la liberté d'expression et la diversité des contenus artistiques dans le domaine numérique.
Le modèle de génération de langage utilisé pour Max excluait intentionnellement la sexualité de ses possibilités conversationnelles.
« On observe que malgré sa place névralgique dans l’histoire de l’Art, en intelligence artificielle « on ne peut pas faire de nu parce que c'est jugé inapproprié maintenant par les corporations […] qui bâtissent ces modèles ».
Lors de son développement, des mesures de contournement ont dû être conçues pour que Max puisse converser librement.
Une autre limitation découlant de la médiation de notre univers par le numérique est la personnalisation accrue de notre expérience virtuelle pour mieux cibler les publicités auxquelles nous sommes assujettis. Le contenu consulté en ligne est désormais extrêmement focalisé sur nos attentes préétablies grâce à la multitude de données issues de nos comportements numériques. L’œuvre « ALGO MATCH » mimique ce processus en explorant la notion de « compatibilité » sur les applications de rencontre. Cette installation interactive émule ainsi les distorsions de notre conception de la séduction résultant de l’utilisation d’applications de rencontres. Les profils qu’on y voit sont une infime fraction de la population réelle. On entraîne ces plateformes à nous montrer ce que l’on veut voir au point où il s’avère ardu d’avoir accès à ce qui existe en dehors de nos préférences.