Fondation

Popsicles, créée en 1982-1984, est une réponse à la situation politique du Chili. En 1973, un coup d’État a renversé le gouvernement de gauche du président Salvador Allende. Pendant les 17 années qui ont suivi, le pays a été gouverné par Augusto Pinochet sous le régime militaire duquel, selon des estimations prudentes, près de 30 000 personnes ont été torturées et plusieurs milliers d’autres ont été tuées. Dans Popsicles, Camiruaga filme ses filles adolescentes en train de lécher des popsicles d’où émergent de petits soldats en plastique, tout en récitant l’Ave Maria. Cet acte apparemment innocent traduit la menace de violence qui pesait sur les femmes sous la dictature de Pinochet. Camiruaga confronte par ailleurs l’image quasi sexuelle, quasi pop-culturelle des adolescentes à la conception traditionnelle de la religiosité et de la masculinité, en les imbriquant dans le contexte des relations avec la politique autoritaire.

Gloria Camiruaga

Gloria Camiruaga a étudié la philosophie à l’université du Chili, puis l’art vidéo au San Francisco Art Institute, où elle a obtenu son diplôme en 1980. À cette époque, elle s’est concentrée sur la réalisation d’œuvres vidéos politiques, axées sur l’action sociale et les questions relatives aux femmes. Après avoir passé du temps aux États-Unis, elle est retournée au Chili pour y devenir une réalisatrice de documentaires accomplie, dotée d’une conscience politique et sociale claire. Ses films comprennent entre autres Casa Particular (1990); Nicanor Parra, coréalisé avec Lotty Rosenfeld (1991); et The Mines of the Mines (1993). Son dernier film, One Day Later, est sorti en 2006, l’année de son décès.

Beatriz Santiago Muñoz

Beatriz Santiago Muñoz est une artiste dont le travail sur l’image en mouvement est lié au théâtre boalien, au cinéma élargi et aux pratiques féministes. Elle travaille régulièrement avec des non-acteurs et incorpore l’improvisation dans son processus. Son travail récent, qui porte sur l’inconscient sensoriel des mouvements anticoloniaux, s’appuie sur une pensée poétique quotidienne et sur des expériences féministes en matière de langage et de narration. Lors d’expositions individuelles récentes, elle a montré entre autresOriana à PIVO, São Paulo; à la 34e Biennale de São Paulo; à MOMENTA Biennale de l’image; et Gosila à Der Tank, Bâle. Ses œuvres font partie de collections publiques et privées, dont le Musée d’art moderne, KADIST et le Musée Guggenheim, entre autres. Elle a reçu une bourse Creative Capital, bourse des États-Unis, un Herb Alpert Award in the Arts et le prix Artes Mundi 2021, qui a été partagé entre les sept nominé·e·s.