
Gratuit
Conditions d’utilisation
9 mars → 9 juillet
Conditions d’utilisation rassemble des œuvres qui explorent l’impact qu’ont les technologies sur la définition, la construction et le (re)cadrage des identités individuelles et collectives
Thème: matériel/immatériel
L’exposition Conditions d’utilisation a pour thème la manière dont les technologies se répercutent sur nos identités individuelles et collectives. Dans cet essai, nous proposons d’y réfléchir par l’entremise des concepts de la matérialité et de l’immatérialité. La matérialité fait référence à nos corps et à nos environnements physiques, qui en retour nous permettent d’accéder aux dimensions immatérielles de nos êtres, telles que notre imagination, nos rêves, notre conscience rationnelle et notre vie spirituelle. Les œuvres des deux artistes Mara Eagle et Shanie Tomassini sont particulièrement éloquentes à cet effet dans leurs manières d’explorer l’impact qu’ont les technologies sur nos existences corporelles et spirituelles.
À bien des égards, la technologie avancée conventionnelle renforce la séparation entre l’esprit et le corps, entre la matière et l’immatériel – une réalité à laquelle les artistes Mara Eagle et Shanie Tomassini opposent de la résistance dans leurs œuvres par leur approche expérimentale de la technologie.
Unholy Ghost de Mara Eagle explore les dimensions matérielles et immatérielles du cycle de la vie et de la mort. Dans la portion vidéo de l’œuvre, on voit une femme enceinte en imagerie générée par ordinateur, au sein d’un environnement abstrait en grille cartésienne. Portant un casque de RV, elle déambule dans un cimetière. À côté de la vidéo se trouvent quatre sculptures de chérubins imprimées en 3D en céramique.
Ces sculptures établissent le lien entre le monde physique et la réalité virtuelle que la protagoniste expérimente. La physicalité du cimetière est accentuée par l’angle au ras du sol de la caméra, la lenteur des mouvements du personnage lors de son exploration de l’environnement, caressant l’herbe et les pierres tombales. Le paysage sonore ambiant contribue également à ancrer l’expérience dans l’ambiance extérieure naturelle du cimetière.
Par la médiation de la vidéo et de la réalité virtuelle s’insèrent des distorsions et des amplifications sonores en plus des glissements et des ratés dans l’image, ce qui crée une atmosphère d’inquiétante étrangeté alors que nous découvrons les manifestations spirituelles et physiques d’un cimetière. Entendre le son du battement de cœur de la femme enceinte tout en étant baigné dans la lumière rouge en compagnie des angelots contribue au climat troublant.
Jumelée à Unholy Ghost, l’installation en deux parties de Shanie Tomassini s’intitule Lueurs d’écrans sous un ciel sans lune. Contenant une série d’éléments sculpturaux, elle évoque la relation que l’artiste entretient avec ce qui est vu et ce qui ne se voit pas comme la nature et sa relation spirituelle avec les éléments naturels. Nous pouvons voir deux imposantes sculptures encadrées par une cascade de perles métalliques qui interpellent fortement le sens du toucher. Les creux que nous découvrons sur la surface sont modelés par des empreintes dans l’argile des mains de l’artiste après un traitement d’agrandissement numérique et d’abstraction. Malgré l’absence de l’artiste, ces traces de son travail minutieux de sculpture, souvent cachées dans plusieurs autres sculptures, pointent vers la manière dont ces objets ont pris forme.
Pour accéder au deuxième espace de l’installation, situé dans l’alcôve de la Galerie, nous traversons un rideau de billes métalliques, un portail matériel qui indique que nous pénétrons dans un espace de rituel et de pratique spirituelle. Les cellulaires moulés en encens – qui seront brûlés un à un à certains moments de l’exposition – évoquent l’idée qu’ils représentent, à notre époque, des objets de vénération. Les vases et les motifs qui les ornent tendent vers une cohabitation du symbolique et du physique. Par exemple, on voit le motif de la carte de tarot de l’étoile sur la surface d’argile de l’un des vases.
Cette installation comprend les quatre éléments naturels qui composent nos environnements, soit la terre (argile), le feu (cendre), l’eau (fontaine) et l’air (fumée). L’aspect éphémère de la nature dans cette œuvre nous rappelle que rien n’est stable ni figé, mais que toute chose est en constante mouvance. À la fois, Eagle et Tomassini utilisent la technologie afin d’approfondir notre relation aux environnements matériels. En retour, cela ouvre de multiples possibilités d’exploration de nos vies affectives, imaginaires et spirituelles.
Dans son essai «La théorie de la Fiction-Panier», Ursula K. Le Guin propose que la technologie du récipient – une chose qui en contient une autre – en révèle beaucoup sur notre commune humanité. Entre autres, elle considère l’autel, ou le musée, comme un «espace qui contient ce qui est sacré [1]». À la lumière de ce court texte, réfléchissez à l’œuvre de Shanie Tomassini.
À la manière dont les artistes présentent des technologies qui nous permettent d’accéder à l’immatériel (c’est-à-dire les casques de réalité virtuelle, les téléphones portables) dans leurs œuvres, quelles sont d’autres technologies qui nous permettent d’accéder à des mondes ou à des sensations immatériels? Indice: cela peut inclure des espaces émotionnels, spirituels, informatiques ou imaginatifs.
[1] «La théorie de la Fiction-Panier», Terrestres, octobre 2018. Traduction par Aurélien Gabriel Cohen de “the Carrier Bag Theory of Fiction”, extrait de Ursula K. Le Guin, Dancing at the Edge of the World: Thoughts on Words, Women, Places, Grove Press, 1989.
https://www.terrestres.org/201...
L’outil Mouvements: Conditions d’utilisation est conçu par l’équipe de l’éducation à la Fondation PHI afin d’encourager les visiteurs à développer en profondeur certains concepts clés explorés par l’exposition Conditions d’utilisation.
Auteur·trice·s
Prakash Krishnan
Prakash Krishnan est un chercheur et un travailleur culturel dans les domaines des médias numériques, de l’art contemporain, des archives et de l’accessibilité. Il a obtenu une maîtrise en études médiatiques à l’Université Concordia en 2021 et a rédigé un nombre d’essais, d’articles et de critiques pour des publications internationales. Prakash est éducateur à la Fondation PHI et travaille avec divers organismes locaux, centres d’artistes et collectifs sur la programmation de la médiation culturelle et l’accessibilité.
Marie-Hélène Lemaire
Marie-Hélène Lemaire est responsable de l’éducation à la Fondation PHI pour l’art contemporain. Elle a plus de vingt ans d’expérience en tant qu’éducatrice muséale en art contemporain dans différentes galeries et musées, tels que le Musée d’art contemporain de Montréal, la Galerie Leonard and Bina Ellen. Elle détient une MA en muséologie à l’UQÀM (Université du Québec à Montréal), ainsi qu’un doctorat en communications à l'Université Concordia qui porte sur le développement d’une pédagogie basée sur le mouvement pour la visite guidée de groupe dans les expositions d’art contemporain. Elle utilise les approches féministes de la corporéité, du néo-matérialisme et de la recherche poétique afin de privilégier et de valider nos engagements sensoriels, sensuels et affectifs envers l’art contemporain. Elle a publié dans The Journal of Museum Education (2021), Canadian Review of Art Education (2021), et Muséologies (2018). Elle nourrit une pratique d’écriture poétique pour le développement, l’animation et l’interprétation de son programme éducatif, ainsi que pour exprimer ses propres engagements esthétiques. Elle est vouée à la justice épistémique dans le milieu de l’art.
Gratuit
Conditions d’utilisation rassemble des œuvres qui explorent l’impact qu’ont les technologies sur la définition, la construction et le (re)cadrage des identités individuelles et collectives
Gratuit
Conditions d’utilisation rassemble des œuvres qui explorent l’impact qu’ont les technologies sur la définition, la construction et le (re)cadrage des identités individuelles et collectives
Réunissant plus de quarante œuvres récentes, l’exposition inaugurale de DHC/ART consacrée à l’artiste conceptuel Marc Quinn est la plus importante organisée à ce jour en Amérique du Nord et la première exposition individuelle de l’artiste au Canada
Six artistes présentent ici des œuvres qui, chacune à leur manière, remettent en scène des films, des spectacles médiatiques, des éléments puisés dans la culture populaire et, dans un cas particulier, des moments privés tirés du quotidien
Ce projet poétique, et souvent touchant, nous interpelle tous sur la relation que nous entretenons avec notre bien-aimé
L’exposition de cet artiste de réputation internationale rassemble plusieurs œuvres vidéo spectaculaires, projetées à grande échelle et accompagnées de bandes sonores saisissantes
DHC/ART est heureuse de présenter Particules de réalité, première exposition personnelle au Canada de la célèbre artiste israélienne Michal Rovner, qui partage son temps entre New York et une ferme en Israël
L’exposition inaugurale de Session DHC, Survivre au temps, réunit une sélection de documents relatifs à l’œuvre One Year Performances du célèbre performeur taiwano-américain Tehching Hsieh et les films du jeune artiste néerlandais Guido van der Werve
Les installations filmiques d’Eija-Liisa Ahtila jouent avec l’idée de narration, créant des fables extraordinaires à partir d’expériences humaines ordinaires
Depuis plus de trente ans, l’œuvre de Jenny Holzer apparie texte et installation en vue de scruter des réalités personnelles et sociales