
Gratuit
Conditions d’utilisation
9 mars → 9 juillet
Conditions d’utilisation rassemble des œuvres qui explorent l’impact qu’ont les technologies sur la définition, la construction et le (re)cadrage des identités individuelles et collectives
Thème: identité
Pour de nombreux·ses artistes, les questions d’identité et d’expression de soi sont au cœur de leur travail. Bien qu’on ait tendance à voir les identités comme des étiquettes qui minimisent la complexité de nos personnalités et de nos émotions, le mot lui-même évoque la notion d’appartenance.
Prenons le terme «éducateur·trice·s». Il s’agit d’une identité partagée par de nombreux professionnel·le·s, mais l’approche et la perspective pédagogiques uniques de chaque personne, lorsqu’il s’agit d’enseigner les arts visuels, par exemple, sont profondément enracinées dans ses souvenirs et ses préférences. De même, les personnes de couleur ont des identités ethniques racisées, mais la façon dont elles vivent et incarnent ces identités est également façonnée par leur éducation, leur origine culturelle, leur genre, leur sexualité, etc.
Il est important de tenir compte du fait que nos identités ne sont pas nécessairement statiques, mais qu’elles peuvent changer et s’exprimer différemment au fil du temps.
Dans cet essai, nous examinerons le travail de deux artistes qui utilisent divers types de technologies et de performances technologiques pour exprimer les identités individuelles et collectives qu’iels habitent.
Dismembered Fixations (2023) de l’artiste Francisco González-Rosas, comme une grande partie de son travail, explore les façons dont la création d’images est modulée par les technologies. L’œuvre examine, en particulier, la manière dont les corps queers et racisés sont souvent présentés uniquement comme un spectacle dans les médias grand public. La démarche artistique de ces deux artistes met en lumière le fait que le travail et l’esthétisme queer sont au cœur d’une grande partie de l’art contemporain, notamment de la mode, du mannequinat et même du cinéma. Cela dit, le corps queer devient visible et précieux pour une société hétéronormative dans la seule mesure où il se change en produit de consommation, en divertissement.
Dans la vidéo, l’artiste nous apparaît tel un personnage soigneusement vêtu récitant un monologue sur les représentations et les performances du soi qui rend hommage, et parodie à la fois, le format des confessionnaux des émissions de télé-réalité. Ce format convenu souligne les façons dont les caméras de télévision ainsi que les producteurs derrière les émissions s’interposent dans l’expression du soi pour satisfaire la soif de divertissement de leurs spectateurs invisibles.
Sachant qu’on s’attend à ce que les corps queers et racisés se donnent en spectacle, le personnage de González-Rosas réplique en ces termes:
«Vous attendez-vous à ce que je fasse une déclaration politique ostentatoire et délicate pour que les soi-disant néo-anti-réactionnaires me croient?
Eh bien, ce n’est pas pour cela que je suis ici.»
Le monologue et la prestation font référence aux philosophes Michel Foucault et Paul B. Preciado, ainsi qu’à l’émission de télévision populaire «RuPaul’s Drag Race» et au documentaire Paris Is Burning de 1990. Ils suggèrent également une conscience de soi particulière de la manière dont la création d’images dans les technologies en réseau devient un véhicule à la fois pour le gain personnel et pour la consommation publique.
Dans l’installation, Dismembered Fixations est accompagnée de la sculpture Special Delivery (2023) de Nico Williams. Cette œuvre de l’artiste anishinabé, quoiqu’analogue, aborde aussi des thèmes en lien avec l’identité collective.
L’artiste utilise le perlage comme technique d’artisanat et d’ornement pour recréer des objets importants sur les plans personnel et culturel.
La boîte Amazon semble être un choix intentionnel, car l’artiste est fasciné par les objets trouvés. C’est aussi une référence au fait que les contenants sont considérés comme étant la première technologie, en particulier le vase comme moyen de transporter de l’eau, et font partie intégrante de la vie et de la durabilité des sociétés humaines.
Comme l’égoportrait dans l’œuvre de González-Rosas, la boîte de livraison d’Amazon est devenue un objet omniprésent, à la limite banal. En soulignant la présence de la boîte de cette façon, Nico Williams attire l’attention sur la façon dont Amazon a profondément influencé la culture en tant que technologie de réseau et de consommation.
La représentation en perles de la boîte Amazon rappelle également la façon dont l’environnement et les ressources naturelles sont reconstitués pour créer des technologies modernes. Le brun du carton en est le plus évocateur, car il ressemble au bois utilisé pour le fabriquer. Toutefois, toutes les technologies modernes, y compris nos téléphones et nos ordinateurs, sont faites de métaux extraits de la terre. Les perles de Special Delivery ont d’abord été créées à partir de sable, puis transformées en verre.
Cette allusion au papier, au bois et aux arbres rappelle aussi l’importance du bouleau pour les Anishinabé·e·s dans la création de bols et de paniers. En ce sens, la boîte en perles devient une nouvelle conception contemporaine d’une pratique et d’une technologie traditionnelles.
Connaissez-vous d’autres exemples de technologies qui ont façonné notre sentiment d’identité collective?
Parcourez quelques-uns de vos anciens égoportraits. Analysez le contenu, les expressions et la composition des images. Qu’est-ce que vous voyez ou ne voyez pas? Quelles histoires, quels sens de soi sont représentés dans ces images?
L’outil Mouvements: Conditions d’utilisation est conçu par l’équipe de l’éducation à la Fondation PHI afin d’encourager les visiteurs à développer en profondeur certains concepts clés explorés par l’exposition Conditions d’utilisation.
Auteur·trice·s
Kim Johnson
Kim Johnson est éducatrice à la Fondation PHI. Elle a complété un baccalauréat en Éducation de l’art à l’Université Concordia en 2016. Kim s’investit dans la démocratisation de l’art visuel à travers ses projets pédagogiques et artistiques au sein de divers centres communautaires et d’institutions culturelles de Montréal, dont le Musée des beaux-arts de Montréal, à titre de médiatrice culturelle. Artiste visuelle, elle puise son inspiration dans les connexions humaines, le féminin et la nature. Kim affectionne particulièrement la peinture ainsi que la linogravure.
Prakash Krishnan
Prakash Krishnan est un chercheur et un travailleur culturel dans les domaines des médias numériques, de l’art contemporain, des archives et de l’accessibilité. Il a obtenu une maîtrise en études médiatiques à l’Université Concordia en 2021 et a rédigé un nombre d’essais, d’articles et de critiques pour des publications internationales. Prakash est éducateur à la Fondation PHI et travaille avec divers organismes locaux, centres d’artistes et collectifs sur la programmation de la médiation culturelle et l’accessibilité.
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