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PHI Artistes Collectionpermanente Theaster Gates Afro v2

Theaster Gates

Afro - 2018

Néon
89.5 × 91.5 × 5 cm
Collection Miles Greenberg

James Oscar sur Theaster Gates

Afro de Theaster Gates : incarnations/intention

Afro de Theaster Gates paraît être une œuvre conçue en mark-making [1] (ou par la trace) sculptural, soulignant l’intentionnalité tacite de ce qu’elle « représente » : l’afro, coiffure des années soixante et soixante-dix portée par les membres de la diaspora africaine. Afro représente une parure sociale, du mark-making au sens littéral, car Gates a essentiellement dessiné ce profil qui représente son intention à la fois de manière implicite et directe et signifie l’élément social, politique, et esthétique du quotidien afro-américain de l’époque. Il s’agit d’une « intentionnalité » qui aurait alors élevé l’afro au-delà d’une tendance culturelle populaire, en portant une lumière sur quelque chose d’à la fois politique, métaphysique, animiste, sonique et auratique. Le dessin/marking sculptural en néon violet de Gates incarne les technologies d(e l)’Afro - ses fréquences et techniques réelles et métaphoriques rappelant les traditions africaines de l’« esthétique du cool », l’« ashé », le « génie et la ténacité improvisatoires », et la « vital aliveness » ou vivancité [2] (Farris Thompson). La sphère radieuse de la sculpture circonscrit d’autant plus ces approches. Le rendu de Gates suggère une morphologie sociale et physique centrifuge et centripète de l’afro. Afro représente la résonance bicamérale de ses adeptes — le motif de l’appel et la réponse même du néon. Afro désigne plus que la coiffure, cernant avec précision les notions partagées de ce qui est cosmologique et cosmopolitique. Si le dessin (mark-making), comme l’a dit Gates, est une « trace définitive », le dessin en néon d’Afro, en tant que marking sculptural, rappelle la « trace définitive » de ce qu’il représente. Afro est une représentation créée par la trace définitive, et celle-ci est mise en relief, car elle incarne le corps social. Afro représente le traçage d’un « être avec » ; les conduits d’un « communitas » (une énergie communautaire partagée et un langage qui peut tour à tour être codé puis décodé par ses adhérents fidèles) ; l’intrusion sociale et la perturbation (voir sa chute de fils rhizomatiques) ; et les modes de cohésion sociale et d’appartenance : tout en étant une trace définitive désignant l’individuation, l’exploration intérieure, la revigoration de la vie noire, ainsi que les ruminements entêtants (les ondulations de l’Afro/antennes) qui précèdent et accompagnent l’usuel. Avec Afro, Gates n’a « lancé » rien de moins que les contours de l’intentionnalité sidérale et un geste de sculpture sociale. [3]

À propos de l'artiste

Theaster Gates (né en 1973 à Chicago, États-Unis) vit et travaille à Chicago. Son travail axé sur la théorie de l’espace et l’aménagement du territoire mobilise la sculpture et la performance. Guidé par ses intérêts et inspiré par sa formation en urbanisme et en préservation patrimoniale, Gates redonne vie à des espaces laissés à l’abandon. Les œuvres de cet artiste connu pour sa remise en circulation du capital du monde de l’art interrogent la possibilité d’une « vie au sein des choses ». Gates renverse intelligemment les valeurs artistiques, territoriales et humaines. Dans tous les aspects de son travail, il traite de la notion d’espace noir en tant qu’exercice formel, défini par le désir collectif, l’agentivité artistique et les tactiques pragmatiques.

Figure-Fond

Afro de Theaster Gates est présentée dans le cadre de Figure-Fond, une sélection d'œuvres de la collection de PHI qui explorent la figure et la corrélation complexe et intime qu'elle établit avec son fond.

Notes de bas de page

[1] Le mark-marking d’un espace temps donné et à la fois plus large, d’une corporéité, et des registres visuels populaires d’une communauté.

[2] Néologisme proposé par la traductrice.

[3] Geste évoquant l’approche auratique de Joseph Beuys à son époque.