Histoire
Photo: Gleb Gomberg
Racontée par Phoebe Greenberg
Fondatrice et directrice de la Fondation PHI
L’IDÉE
À l’origine, la Fondation PHI se nommait DHC/ART.
Tout a commencé à Paris, à la fin des années 1980. J’étais alors toute jeune et j’ai eu le privilège de vivre dans la Ville lumière durant presque toute ma vingtaine.
Chaque jour, j’étais exposée à l’art contemporain et à l’art tout court, tant par ma formation à l’École internationale de théâtre Jacques Lecoq que par les gens que je fréquentais. On aurait dit les Nations Unies, toutes unies autour de l’art. Et forcément, dans mes temps libres, je visitais des musées et des galeries.
Quand mon père est décédé, je suis revenue à Montréal. J’étais rendue à l’âge où au lieu de vouloir refaire le monde, on cherche à le parfaire. Et c’est ainsi qu’est née, petit à petit, l’idée derrière DHC/ART, ma fondation pour l’art contemporain. Inspirée par la Fondation Cartier, j’ai voulu créer un centre d’exposition unique à Montréal, un centre qui offre gratuitement le meilleur de l’art contemporain mondial. Mais surtout un centre à l’échelle humaine.
Dès le départ, j’ai voulu que ce centre d'exposition puisse présenter les œuvres les plus engageantes de l’art contemporain mondial, tout en favorisant une meilleure compréhension de chacune d’elles pour faire vivre, au public, une expérience unique. C’est pour cela que chaque exposition s’accompagne de séances de visionnement de films et de discussions, ainsi que d’un programme d’éducation et de sensibilisation; le tout offert gratuitement au public.
Plusieurs personnes se demandent ce que voulait dire le nom DHC/ART. Surtout le DHC, il va sans dire. DHC est l’acronyme de Diving Horse Creations. Oui, le cheval qui plonge. Le nom est né bien avant la Fondation. Et il vient de ma première vie où, tant à Paris qu'à Montréal, je faisais du théâtre. Un jour, j'ai trouvé une vieille carte postale où l'on voyait un cheval qui s’apprêtait à plonger dans une piscine. De plus, comme j’ai toujours eu un faible pour le théâtre de l’absurde et le burlesque, je me suis dit: «Voilà mon nom!» Et c’est resté, jusqu'à la création de DHC/ART.
J’étais rendue à l’âge où au lieu de vouloir refaire le monde, on cherche à la parfaire. Et c’est ainsi qu’est née, petit à petit, l’idée derrière DHC/ART, ma fondation pour l’art contemporain.
DHC/ART devient la Fondation PHI
En avril 2019, la DHC/ART Fondation pour l’art contemporain prend le nom de la Fondation PHI pour l’art contemporain afin de répondre au désir de sa fondatrice et directrice Phoebe Greenberg de réunir sous une seule bannière (PHI) l’ensemble de ses activités dans le domaine des arts et de la culture.
PHI réfère au «nombre d’or», aussi appelé la «divine proportion», un concept déterminant pour l’esthétique artistique, architecturale ainsi que corporelle.
La Fondation maintiendra son rôle d’ambassadeur mondial et poursuivra sa mission actuelle visant à sensibiliser le public local, national et international à l’art contemporain. Ainsi l’organisme réitère son engagement à proposer des expositions, des événements et des programmes éducatifs entièrement gratuits, de façon à permettre une plus grande accessibilité à l’art, et ce à plusieurs titres.
On ne monte ni ne descend d’escalier pour entrer à la Fondation PHI, on s’y glisse... Parce que le centre est accessible, accueillant et a été pensé pour être à l’échelle humaine, on s’y sent bienvenu.
x L’édifice
Ce n'est pas étonnant si la Fondation est située dans le Vieux-Montréal, car quoi de plus intéressant qu’un lieu historique pour créer un centre d’art contemporain? Quoi de plus stimulant que d'unir l’histoire à la modernité et de créer ainsi un dialogue entre l’ancien et le nouveau? C’est ce à quoi j’ai pensé lorsque j’ai trouvé ce magnifique bâtiment au 451 de la rue Saint-Jean, un édifice Art déco érigé en 1926-1927. Cet édifice abritait une école de musique lorsque j’en ai fait l’acquisition en 2005 et il représentait aussi un défi, car les tendances architecturales des musées contemporains favorisaient des immeubles horizontaux avec des espaces aux larges volumes.
Aujourd’hui, la Fondation est un lieu fluide, un lieu intime et moderne, un lieu entièrement pensé pour les œuvres et leurs installations. Et d’ailleurs à ce titre, la Fondation possède un plancher multimédia en bois au service de tous les types d’installations, et des salles qui offrent beaucoup de possibilités de transformation, grâce à l’expertise de mon équipe et la souplesse de l’architecture.
Mais c’est une fois à l’intérieur qu’on est subjugué. Un puits de lumière spectaculaire coupe les quatre étages, ce qui rend l’entrée monumentale et ouvre le lieu comme un plexus solaire s’ouvre pour faire circuler l’énergie. Et l’ascenseur tout en verre attend le visiteur pour lui permettre de passer d’un niveau à l’autre sans jamais perdre une vue d’ensemble. C’était important, pour moi, d’offrir cette vue d’ensemble à chaque visiteur. Car lorsqu’on offre à la vue, on offre aussi à l’esprit.
Et quand on regarde la façade de la rue Saint-Sacrement, elle s’ouvre sur la rue Saint-Nicolas et offre une profondeur de champ qui est rare dans le Vieux-Montréal. D’ailleurs, notre carré rouge illuminé sert à la fois de repère pour les amis du centre que d’appât pour attirer les curieux.
Et curieusement, beaucoup de gens m’ont dit que c’est justement peut-être parce que les espaces d’exposition sont si petits (comparés aux standards habituels) que les œuvres prennent une dimension plus intimiste et ainsi tout leur sens.
De toute façon, pour les gens qui veulent aussi prendre du recul, la Fondation PHI, c’est aussi les espaces satellites que nous louons au 465 de la rue Saint-Jean; des espaces plus vastes qui nous donnent de la flexibilité, tout en étant intimes, réfléchis et élégants.
Aujourd’hui, après quinze ans d’existence et d’expérimentation avec des expositions de toutes sortes, je peux avouer que je suis extrêmement satisfaite de tous les choix que nous avons faits. Et cette satisfaction vient de deux choses essentiellement. D’une part, nous avons réussi à convaincre des artistes de haut niveau à exposer chez nous. Et d’autre part, le public nous a appuyés dans notre démarche dès le premier jour. Comme si la Fondation était venu combler un manque.
Et que dire de la fidèle équipe, fanatique d’installations qui m’accompagne depuis les premiers jours et qui fait de chaque exposition une expérience unique.
CHRONOLOGIE
2007
Exposition inaugurale
2008
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2014
2015
2015
2016
2016
2016
2017
2017
2017
2018
2018
2019
2019
2019
2019
2020
2021
2021
2021
2021
2021
2022
L’ART DANS NOTRE QUOTIDIEN
L’art, aujourd’hui et demain
Ce que j’aime de l’art contemporain, c’est qu'il est sans limites. C’était comme ça hier, ce l’est aujourd’hui et ce le sera demain. Pourquoi? Parce que les idées essentielles n’ont pas de limites elles non plus.
Mais ce que j’aime par-dessus tout de l’art contemporain, ce sont les artistes eux-mêmes. Car pour moi, l’art, c’est avant tout un auteur. Un auteur qui crée une œuvre à partir de la vision particulière du monde dans lequel il vit. Et plus cette vision est unique, plus l’œuvre est unique elle aussi.
J’aime les œuvres qui n’offrent pas toutes les réponses. J’aime les œuvres qui me forcent à me poser des questions. J’aime les œuvres qui remettent en question, et qui m'obligent à penser autrement ou à revoir ma façon de voir le monde. Et j’aime les œuvres absurdes (j’y reviens toujours), car l’absurde est, en soi, un autre portrait de la réalité. L’absurde, c’est une façon d’être déraisonnable, et de donner une autre logique à la logique.
J’aime autant vous le dire tout de suite: nous allons être encore plus audacieux dans les années à venir. Nous allons penser différemment des musées établis. Nous allons diversifier notre programmation en offrant nos espaces à des commissaires invité·e·s plus souvent. Et nous allons continuer à offrir au public montréalais des œuvres de haut niveau, des œuvres signifiantes, des œuvres exigeantes.
Au fil de nos quinze années d’existence, nous avons réussi à donner, à toutes nos expositions, une sorte de signature «Fondation». Cette signature, c'est notre réputation. Et notre mission, c’est d’en être à la hauteur, jour après jour. Et d’offrir le meilleur.
Toujours.