Ce qui commença par une exploration du lieu où nous vivons devint une collision entre la célébration et la critique. Issu de l’implantation de l’hymne national, où la nature est caractérisée par le territoire politique, ce programme questionne l’incarnation rituelle de cette transmission, en ajoutant et en proposant d’autres points de référence pour un lieu.
Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, Québec, Canada comme entité unique et multiple est une notion chaotique et ambiguë. La langue et l’espace segmentent les identités et les points de référence, nous distinguent l’un·e de l’autre. La représentation de ce lieu (au sens du terme utilisé par l’autrice Lesley Johnstone dans le texte «Art Made in a Place») constitue une tâche ouverte s’étant forgée des souvenirs individuels et collectifs, et permettant ainsi à des versions et à des définitions d’exister et de nous accompagner malgré leur éternelle transformation.
Qu’est-ce qui distingue cet endroit? Rien et tout à la fois. [1] La politique, la langue, la nature et le territoire se manifestent à travers notre quotidien. La politique inhérente à l’hymne rend tangible celle du Québec et du reste du pays de par son positionnement et sa langue. Dans certaines provinces, le chant de l’«Ô Canada» fait obligatoirement partie des exercices quotidiens du début de la journée dans les écoles. Le pouvoir et l’identité émanent de l’arrangement musical, qu’il soit entendu, chanté ou diffusé à la télévision en début et en fin de journée. Les prestations télévisées varient d’une province à l’autre et les images évoquées incluent tous les pans de la population ainsi que les nombreux paysages urbains et ruraux du pays.
Dans son écrit French is the Most Beautiful Language, Jacob Wren expose justement la réalité et la problématique commune de la coexistence du français et de l’anglais au sein de la ville de Montréal, y appliquant son propre point de vue à titre d’artiste, d’immigrant et d’existentialiste. La présence de la nature, divisée entre territoire et classe (et dès lors faisant de nous qui nous sommes), est représentée par les images expérimentales, lentes et hivernales, saisies par Michael Snow en 1969, et par la puissance de marquer, mise en évidence par une performance de Meagan Musseau et de Jenelle Duval. Enfin, Kìzis interprétera sa version d’un hymne au lieu où nous vivons et à celui d’où elle vient.
Ce programme organise des images documentaires d’archives, des vidéos ainsi que des contributions en direct de façon à en faire les points de référence d’un lieu qui est à la fois national et souverain, provincial et fédéral, local et mondial, artistique et politique.
Organisé par Victoria Carrasco, commissaire adjointe – Programmes publics, Fondation PHI pour l’art contemporain
Cet événement est organisé en marge de l’exposition Dévoilements narratifs de Stan Douglas, présentée à la Fondation PHI du 19 février au 22 mai 2022.
INFORMATIONS
• Les places sont limitées et les réservations sont requises.
• Les mesures sanitaires seront appliquées: port du masque ou couvre-visage obligatoire, désinfection des mains et maintien de distanciation d’au moins un mètre les un·e·s des autres.
• Les présentations et les performances seront bilingues, en français et en anglais.
• Les vidéos seront présentées dans leur langue originale.
1. Lesley Johnstone, « Art Made in a Place » dans Oh Canada (Cambridge, MA: MIT Press, 2012), 236-237.