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Marc Quinn a déclaré dans une interview qu’après le 11 septembre, New York est devenue une ville avec un membre fantôme. Cette image d’un corps politique qui éprouve une sensation persistante – un effet pénible et durable de présence de l’absence – traduit le drame corporel poignant qui caractérise une grande partie de son œuvre. Principalement sculpturale et figurative, mais toujours conceptuelle, la production de Quinn, également composée de peintures, de dessins et de photographies, est une méditation soutenue et réitérée sur le corps – avec des handicaps tantôt visibles, tantôt invisibles – dans l’espace, la culture et le temps.

Cette sculpture intitulée Sphinx (The Road to Enlightenment), un bronze peint de la mannequin Kate Moss dans une pose de yoga, est pour Quinn le portrait d’une image et non celui d’une personne. Conséquemment, l’ubiquité de Moss se traduit dans une multitude de sculptures, son visage toujours identique et impassible offrant une image de contrôle corporel et psychique dont on ne peut que rêver. Il est clair que les aspirations et les projections fantasmatiques sont au cœur du message. Tel que le suggère le titre général « Sphinx », le public est invité à répondre aux énigmes intrigantes des contorsions de l’icône qui défient toute logique.

Résolu, Quinn aborde les grands thèmes de la vie et de la mort, mais aussi de la tradition, de la beauté, de l’héroïsme, de la nature et de la parenté dans une exploration de ce que signifie être un être physique et sensible malgré l’emprisonnement, l’anxiété et la mutabilité du corps. Son projet est existentiel et philosophique autant qu’il manifeste sa conviction artistique. La chair, le sang, les excréments, la structure du squelette humain, les carcasses d’animaux et l’information dans l’ADN sont quelques-uns de ses matériaux, mais ce sont aussi des idées très chargées. Tout comme le sont l’éternelle perfection du marbre blanc, la cire infusée de médicaments et de sang, ou les fleurs cryogénisées. Ces matériaux et ces idées sont déployés dans le cadre d’une recherche portant principalement sur la forme humaine et sur le portrait en tant que dépositaire d’une interaction fascinante et instructive entre la science et l’histoire de l’art.