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Centre

PHI Artists Cinga Samson Ibhungane7 Vivien Gaumand

Cinga Samson

Ibhungane 7 - 2020

Huile sur toile
83.5 × 64 cm
Collection de Phoebe Greenberg

Photo: Vivien Gaumand

James Oscar sur Cinga Samson

Les fentes blanches vides et marmoréennes des yeux percent le spectateur du regard, celui de cet être ou entité, cet humain plus qu’humain. Plus loin encore, le fantôme d’un fantôme, spectral, virulent, silencé, posé, peut-être son ombre propre. Figure/sol/figure/sol. À l’intérieur de la concavité (au creux de « ses » entrailles) où une plante médicinale est précieusement gardée se profile le dénouement latent d’une des nombreuses mises en abyme qui habitent le tableau. Cette mise en abyme ne semble pas juste reculer en elle-même, mais aussi, inversement et simultanément, saillir en double et en triple. La figure distillée, immobile, rumine sur les seuils du périmètre, de l’avant-plan et de l’arrière-plan de ses mondes. Le regard qui scrute et les lèvres scellées sont autant de signes d’altérité spirituelle, d’autodiscipline et de discrétion, comme l’a suggéré Robert Farris Thompson. La posture austère cérémoniale et l’élégance chargée d’histoire de l’initié contemporain, averti et songeur, sont pariées à l’affectation critique de la vie urbaine actuelle. Une jungle onirique arboricole, telle une pastorale classique, dénuée d’immédiateté ; l’ambiance quasi lugubre du monument sépulcral, le personnage affecté à quelque chose de grave au fond de ses ruminements, que l’on soupçonne de porter sur des fragments pathologiques — quoique modérément solaires — de nature personnelle, sociale, politique et immatérielle, tant sur le plan local que cosmologique de cette mise en scène. Agrippant une plante médicinale d’Afrique du Sud, un baume, et offrant quelque chose de tangible ou d’ineffable, une éventuelle métamorphose kafkaesque, le personnage exhale une détermination à la fois transcendante et aplatie sous le couvert des tons mats et menaçants caractéristiques de Samson, entravant ainsi toute représentation réductrice de l’exotique. La pose de la figure est peut-être imminente en vue des répercussions sociales en toile de fond ; la détermination corporelle d’un positionnement/d’une pose numineuse au seuil d’une mortalité crépusculaire sur fond naturel et mélancolique. Une certaine posture face au social donne lieu à une planéité immuable, une prière sainte, une potentialité solaire considérée avec circonspection et tenue à cœur.

À propos de l'artiste

Les œuvres de Cinga Samson s’inscrivent dans une tradition picturale et la prolongent, affirmant leur place dans la longue histoire de l’art figuratif. Cet engagement envers son métier facilite l’exploration de concepts ayant trait au désir, au pouvoir, à la mortalité et à la notion d’éphémère. Tissant des liens entre le classique et le contemporain, Samson crée des images à portée symbolique, spirituelle et sociale, reliées entre elles par une narration subjective. Ses peintures livrent une vision complexe et nuancée de la vie contemporaine. L’artiste s’appuie sur son talent de peintre pour rendre la texture et la richesse de ses expériences, et pour que cette représentation véhicule une atmosphère et un sentiment particuliers. Les sujets dans ses œuvres caractérisées par une palette de tons sombre bénéficient d’une autonomie et d’une autorité inhabituelles. Pour reprendre ses propres termes, ces personnages habitent un monde qui « semble secret, presque sacré et distant », venant de « quelque part où personne ne va ».

Figure-Fond

Ibhungane 7 de Cinga Samson est présentée dans le cadre de Figure-Fond, une sélection d'œuvres de la collection de PHI qui explorent la figure et la corrélation complexe et intime qu'elle établit avec son fond.