Cet essai poursuit le thème de la nature présent dans l’œuvre de Yayoi Kusama.
À un jeune âge, Yayoi Kusama développe une fascination pour le monde naturel alors qu’elle grandit sur la ferme semencière et florale de ses parents à Matsumoto, au Japon. Elle se réfugie dans ce vaste environnement naturel et trouve une source d’inspiration artistique dans un site luxuriant où abondent fleurs et plantes. Ces paysages illimités offrent à Kusama la promesse que rien dans la nature n’existe isolément: nous ne sommes qu’une partie infime d’un Univers infini, d’une multiplicité d’Univers.
Kusama commence à avoir des visions à l’âge de 10 ans, croyant que les fleurs se multiplient et lui parlent. Ces expériences l’amènent à comprendre que les mondes humain et non humain sont d’égales entités vivantes. Par son travail artistique, Kusama nous accueille dans son monde où nous ne faisons qu’un·e avec la nature.
Certains éléments organiques, comme les citrouilles, la réconfortent. Enfant, elle les dessine puis, devenue adulte, elle commence à en faire des sculptures. Kusama estime que leur couleur, leur texture et leur forme fantaisiste ont quelque chose d’humain, et cela la réjouit. Bientôt, elles deviennent des autoportraits. La spiritualité qu’elle associe aux citrouilles la ramène sur terre, et elle se sert de son art pour catalyser ce sentiment positif. La surface réfléchissante des sculptures de Kusama engage le public, ce qui représente son idéal de fusion avec les citrouilles.
Ses illustrations des cycles de la vie et de la mort nous invitent à nous pencher sur nos vies et nos environnements toujours en évolution. Cela est particulièrement manifeste dans la série de peintures de Kusama intitulée My Eternal Soul [Mon âme éternelle] (2009 à aujourd’hui) dans laquelle chaque œuvre est un univers duquel émerge la vie (et les titres sont souvent reliés à la mort). Ses célèbres pois, présents dans ses œuvres tout au long de sa carrière, mettent en lumière une multiplicité cosmique: de l’étendue d’un champ de fleurs jusqu’à l’immensité de l’Univers, notre présence est microscopique dans un monde macroscopique.
Si Kusama avait un but dans la vie, c’est de promouvoir la paix et l’amour dans l’Univers. Elle crée ses tableaux comme si elle écrivait des poèmes: cela lui vient naturellement et sans structure prédéterminée. C’est comme s’ils étaient créés instinctivement, propulsés par toutes les émotions de l’artiste. Ses visions et sa profonde affinité avec la nature lui ont permis d’écouter ce qu’ils ont à dire. Si davantage de gens s’ouvraient l’esprit pour écouter les éléments de la nature, qu’entendraient-ils?