COLINE DELBAERE: Marie-Jade, connais-tu Audrey et les activités de l’entreprise pour laquelle elle travaille ?
MARIE-JADE: Oui. En fait, j’ai également travaillé deux ans chez Vestechpro. C’est là que j’ai rencontré Audrey. C’est également grâce à ce centre de recherche que j’ai découvert que c’était possible de mélanger la science, l’habillement et la mode.
COLINE DELBAERE: Salma, c’est intéressant de voir que tu es passée à travers toutes les couches en profondeur. As-tu travaillé sur un projet qui t’a particulièrement marqué jusqu’ici ?
SALMA: L’été de ma 4e secondaire, j’ai participé à un stage au Centre de Recherche Informatique de Montréal (CRIM), on essayait de permettre au robot de pouvoir détecter différentes composantes sur le terrain et de prendre des décisions par lui-même. Le but étant que notre programme Python détecte les différentes composantes et envoie de l’information au programme Java qui, lui, contrôle la motricité du robot.
COLINE DELBAERE: Du côté des vêtements connectés, est-ce que l’objectif est que ces derniers soient fonctionnels ou c’est plutôt dans l’objectif de vous en servir comme média artistique ?
AUDREY: Je suis ouverte à tout. Je préfère les projets qui sont plus artistiques. Cependant, avec mon travail, je suis amenée à travailler sur des projets qui sont plus pratiques et fonctionnels. J’aime faire les deux. Je considère que la conception de projets fonctionnels permet d’acquérir certaines connaissances qui peuvent être utiles pour l’élaboration de projets artistiques. Par exemple, les bandes respiratoires peuvent être intéressantes autant pour les projets artistiques que dans des vêtements qui permettent de récolter des données biométriques. C’est issu de la tendance de l’automesure connectée.
COLINE DELBAERE: J’imagine que les vêtements connectés de base permettent d’observer la chaleur du corps ?
AUDREY: Il y en a qui font ça, entre autres. Il y a beaucoup de dispositifs qui peuvent être adaptés au corps et observer la température, la respiration ou le rythme cardiaque, par exemple.
COLINE DELBAERE: Comment vous sentez-vous en tant que femme dans cet univers-là ? J’ai récemment lu un article qui m’a bien fait rire. Ce dernier expliquait que jusqu’aux années 70, tout le secteur de l’informatique était pratiquement réservé exclusivement aux femmes. Cela s’expliquait du fait que durant la Seconde Guerre mondiale, les hommes étaient au front et les femmes, dans les coulisses. Tous les premiers ordinateurs monolithiques, les codes balistiques et les codes ennemis étaient analysés par des femmes. Aujourd’hui, le milieu technologique est composé de 80 % d’hommes et de 20 % de femmes. À mes yeux, il n’y a rien qui puisse expliquer cela, mis à part la discrimination, ou simplement un désir manquant de s’impliquer.
SALMA: C’est drôle que tu dises ça. En 5e secondaire, je travaillais sur un projet de fin d’année dans le cadre du programme international. À la fin de l’année, il fallait être capable de répondre à un problème et trouver une solution. Comme je baignais dans l’univers de la robotique, des sciences et de la technologie, j’ai vite remarqué à quel point les femmes étaient sous-représentées en génie. J’ai donc fait quelques recherches et j’ai été agréablement surprise de découvrir que la première personne à avoir développé un langage informatique, c’était une femme britannique. Si je me souviens bien, c’était Ada Lovelace. Certaines théories concernant ce manque de diversité expliquent qu’il y aurait un manque de modèles concrets de réussite féminine dans le domaine des sciences et de l’ingénierie.