RE: J’ai l’impression que la pandémie a eu ceci de bon qu’elle a donné lieu à une prise de conscience, comme nous nous sommes tous retrouvés dans nos maisons et sur nos médias sociaux. Ça nous a fait voir à quel point le système est brisé.
RP: Ça nous a fait réfléchir.
RE: Oui, et c’est une bonne chose. Je pense que c’est la conséquence la plus positive de tout ça. Il reste à voir dans quelle mesure...
RP: Oui, jusqu'à quel point c’est une prise de conscience.
RE: Oui! C’est de réaliser que nous nous conformons complètement au système sans le remettre en question. Comme si participer était devenu un acte de résilience. Vouloir comprendre ce qui se passe et comment on peut changer les choses...
RP: J’ai l’impression qu’il n’y a pas que le virus qui est sous le microscope.
RE: Ce qui est une bonne chose, selon moi. J’espère que cette responsabilisation durera.
RP: Je pense que nous pouvons tous y contribuer. Il faut cesser d’avoir une si courte durée d’attention. Nous sommes facilement distraits, et j’ai l'impression que la pandémie nous a forcés à faire certaines choses et à dire «oh-oh . C’est drôle que tu dises qu’on se penche sur la même réalité. On passe beaucoup de temps sur nos téléphones aujourd’hui. Mais les menaces pour notre civilisation sont si vertigineuses que nous nous en détournons rapidement pour revenir à ça... la distraction. BLM et l’ampleur extraordinaire qu’il a pris à la suite d’un événement tragique, c’est un mouvement florissant. Il est à l’avant-plan des questions qui demandent une réflexion et une action soutenues, comme il aurait dû l’être depuis toujours.
RE: Oui, il remet en question la fonctionnalité de l’équité. Nous apprenons qu’elle n’est pas la solution, parce qu’elle suppose que nous sommes tous égaux, mais nous ne le sommes pas. Elle compromet le privilège que nous avons d’apporter de l’aide et de rétablir l’équilibre.
RP: C’est en prenant conscience de tous nos privilèges que nous aurons une meilleure prise sur le présent.
RE: J’espère sincèrement que cela durera.
RP: C’est ce que je dis à ma fille. Il faut y arriver, et on n’a pas le temps d’espérer. Il nous reste une chose à faire: nous mettre en action pour construire le monde dont nous avons besoin.
RE: Ah... merci, il n’y avait pas de meilleure façon de conclure cet entretien. Merci encore, Rajni.
RP: Je t’en prie, merci à toi!