Arrachées, déracinées, traînées, jetées. Tends-moi tes mains, tes bras. Ramifiées, entrelacées. Tu me portes en toi, je te porte en moi. Nouées, à genoux. Ta sève amniotique s’écoule sur chaque parcelle de ma peau, dans chaque sillon de mon écorce. Nos chevelures noires, feuillages. Tes yeux, naissance de mes racines, mes yeux, poussée de tes branches. Je suis là. Tu ne tariras pas.
IDENTITÉ AQUEUSE
Théoricienne de la corporéité et de l’eau, Astrida Neimanis propose une subjectivité féministe, irriguée. Elle imagine «une figuration revigorée du sujet féministe en tant que masse d’eau. Celle-ci est posthumaniste et matérielle, à la fois réelle et désirante, et s’accorde de manière sensible à d’autres corps aqueux — à la fois humains et plus-qu’humains — au cœur des flux mondiaux politiques, sociaux, culturels, économiques et coloniaux du pouvoir planétaire [3].»