Aller à la navigation Aller au contenu

Home

PHI 15ans oct 05 2022 Vivien Gaumand 6
Photo: Vivien Gaumand

Entretien avec Kama La Mackerel

  • Article
  • Fondation PHI
Par  Daniel Fiset
PHI 15ans oct 05 2022 Vivien Gaumand 3
Photo: Vivien Gaumand

Dans le cadre de son projet d’engagement public Incandescences, la Fondation PHI a invité quatre artistes à imaginer différentes interventions pour réactualiser ses archives. Pensé en lien avec l’exposition Lee Bae: UNION, Incandescences s’inspire de l’utilisation que Bae fait du charbon: une substance qui est la trace d’une combustion tout en permettant à d’autres feux de s’allumer. Chaque artiste participant·e conjugue d’ailleurs sa pratique artistique à des tâches liées à l’enseignement, à la recherche, à la médiation ou à l’administration. Ce double rôle, autant causé par un désir profond des artistes de participer activement à la constitution d’un milieu que par la nécessité d’accumuler les tâches devant la précarité de ce même milieu, évoque lui aussi le charbon – une matière dont les usages sont tout aussi pratiques que symboliques.

La pratique de Kama La Mackerel se déploie tour à tour dans les mondes de l’écriture, de la performance, des arts visuels, de la médiation culturelle et de la traduction, avec un intérêt particulier pour les récits comme lieux de résistance et de résilience. La micro-résidence aura permis à l’artiste d’explorer différents objets aimantés qui se trouvaient dans nos archives pour réaliser une installation in situ: notamment, des mots tirés d’un ensemble de poésie magnétique conçu par l’équipe de l’éducation de la Fondation PHI pour une activité publique. La recherche menée lors de la micro-résidence a nourri une performance réalisée par Kama en collaboration avec Marjolaine Bourdua, présentée lors d’un événement de célébration des 15 ans de la Fondation PHI, le 5 octobre 2022.



PHI 15ans oct 05 2022 Vivien Gaumand 2
Photo: Vivien Gaumand

Daniel Fiset: Quelles étaient les idées de départ que tu avais envie d’explorer lorsque tu as reçu l’invitation pour le projet? Avais-tu une idée des questions ou des matériaux avec lesquels tu voulais travailler?

Kama La Mackerel: La plupart des résidences que j’ai effectuées étaient centrées sur un de mes projets particuliers ou s’inscrivaient dans une recherche en cours. L’invitation m’a permis de m’éloigner de mon propre atelier, de sortir de ma tête – peut-être même de m’éloigner momentanément d’une question qui m’obsède depuis quelques années, à savoir ce qui constitue une «poétique décoloniale». J’étais vraiment intrigué·e par cette notion d’archive éducative, et par la matérialité potentielle de cette archive. J’ai d’abord pensé qu’il s’agirait simplement d’une bibliothèque remplie de publications, que cela allait être très axé sur le texte. En entrant dans l’espace, j’ai réalisé que l’archive était essentiellement matérielle – que j’allais rencontrer des objets qui s’enchevêtrent avec les textes, et qui ont leurs histoires à raconter. J’ai également vu une opportunité de m’engager avec la partie de ma pratique qui est ancrée dans la facilitation des arts, la médiation culturelle ou l’éducation...

«Parfois, elle fait de l'art!»

On the untold stories de la médiation culturelle

PHI 15ans oct 05 2022 Vivien Gaumand 1
Photo: Vivien Gaumand

DF: À ce propos, quels termes préfères-tu utiliser pour décrire cet aspect de ta pratique? Et comment s’articule-t-elle avec ta pratique en arts visuels ou en arts vivants?

KLM: C’est une question très intéressante, parce que nous avons le terme «médiation culturelle» en français, mais il n’y a pas de traduction exacte pour cela, n’est-ce pas? Lorsque je l’ai utilisé dans le passé, j’ai eu tendance à utiliser ce terme en français, mais à le remplacer par «curator» ou «arts facilitator» en anglais. Cela a changé au fil des années. À un moment donné, j’utilisais médiation culturelle en anglais et cela semblait générer beaucoup de confusion. Il me semble que le terme est tellement propre au Québec, et qu’on ne le rencontre pas autant ailleurs, même dans d’autres contextes francophones. 

Et tout cela m’amène à une question plus large: comment traduire? Je ne suis pas sûr·e d’avoir une réponse concrète à cette question, mais il me semble que le terme «facilitation» est un terme intéressant à considérer lorsque nous pensons à l’acte de traduction qui se produit lorsque nous mettons les gens en contact avec l’art.

Je pense que cela se rapporte à ma pratique artistique dans la mesure où cela me permet de réfléchir à la manière dont nous faisons les choses collectivement, plutôt que de me contenter de raconter une histoire à un public de manière très directe. Comment vais-je susciter une discussion, plutôt que de simplement vous dire ce qui est? Que puis-je dire qui vous permettra de dire quelque chose? Comment allons-nous utiliser nos mots, nos voix, nos mains ou nos corps pour parler ensemble? C’est pourquoi j’ai été frappé·e par une grande partie des archives. Beaucoup d’objets provenant d’ateliers passés, et le plaisir était d’essayer de comprendre comment ces objets étaient utilisés à l’origine. Par exemple, je me souviens avoir vu ces aimants avec des mots dessus, et avoir essayé de comprendre la forme du texte qui pourrait être composé avec ces fragments. Cela m’a fait réfléchir à mes propres archives, et au fait qu’elles peuvent aussi être réactivées de cette manière.

Biographie

Kama La Mackerel est né·e à l’île Maurice et est un·e artiste pluridisciplinaire, éducateur·trice, auteur·trice, médiateur·trice culturel·le et traducteur·trice littéraire vivant à Montréal. Iel travaille entre et à travers la performance, la photographie, les installations, le textile, l’art numérique et la littérature. Sa pratique est ancrée dans les notions de justice, de bienveillance, d’amour, de décolonialité, d’hybridité, de cosmopolitisme, de guérison ancestrale, et d’empowerment individuel et collectif. Iel a foi que les pratiques esthétiques ont le pouvoir d’agencer la résilience et d’agir comme résistance au statu quo, promulguant ainsi une praxis anti-coloniale à travers la production culturelle. Kama a exposé et performé ses œuvres à l’international et a publié ses écrits en anglais, en français et en kreol morisien.

Pour en savoir plus sur les projets des autres artistes invité·e·s, veuillez visiter la page Web à propos du projet d’engagement public Incandescences.

Auteur: Daniel Fiset

Daniel Fiset est un travailleur culturel basé à Tiohtiá:ke/Mooniyang/Montréal. Détenteur d'un doctorat en histoire de l'art de l'Université de Montréal, il a collaboré avec de nombreuses institutions québécoises et canadiennes en arts visuels, dont OPTICA, esse arts + opinions et le Musée d'art contemporain des Laurentides. Il occupe actuellement le poste de commissaire adjoint à l'engagement à la Fondation PHI pour l'art contemporain, et a été le commissaire de l’exposition de la résidence PHI MONTRÉAL 2021.

Explorer

Marc Quinn The Selfish Gene 2007 a3 1
Exposition Art contemporain

Marc Quinn

5 octobre 6 janvier 2008

Réunissant plus de quarante œuvres récentes, l’exposition inaugurale de DHC/ART consacrée à l’artiste conceptuel Marc Quinn est la plus importante organisée à ce jour en Amérique du Nord et la première exposition individuelle de l’artiste au Canada

Re enactments feature
Exposition Art contemporain

Re-constitutions

22 février 25 mai 2008

Six artistes présentent ici des œuvres qui, chacune à leur manière, remettent en scène des films, des spectacles médiatiques, des éléments puisés dans la culture populaire et, dans un cas particulier, des moments privés tirés du quotidien

Survivre feature
Exposition Art contemporain

Survivre au temps

16 octobre 22 novembre 2009

L’exposition inaugurale de Session DHC, Survivre au temps, réunit une sélection de documents relatifs à l’œuvre One Year Performances du célèbre performeur taiwano-américain Tehching Hsieh et les films du jeune artiste néerlandais Guido van der Werve

Tout explorer Tout explorer