Lorsqu’on laisse libre cours à nos sensations ou lorsque l’on s’abandonne, nos interactions deviennent beaucoup plus perméables et authentiques, brisant les murs nous séparant les uns des autres. Aussi synonyme de plaisir et de laisser-aller, le club ouvre nos cloisons et facilite un contexte d’échanges dans un cadre tolérant, généreux et compréhensif. Il n’est pas surprenant de voir l’univers du club devenir un point central par excellence pour l’expression de la contre-culture; il suffit de penser à la scène voguing, aux clubs LGBTQ+, etc. Ces espaces deviennent des lieux d’émancipation, où il est possible d’exposer sa vraie nature, sans peur de se sentir stigmatisé ou jugé par autrui. L’importance du clubbing est telle que ses bénéfices se sont étendus à l’extérieur: «Les expériences nocturnes ont alors commencé à exercer leur influence bien au-delà des portes closes des boîtes de nuit, ébranlant du même coup les normes sensuelles imposées par l’habitus [3], lequel régule les comportements sociaux dans la vie quotidienne.» [4]
Il y a un écart entre le monde académique et l’univers du clubbing. En effet, le premier s’inscrit dans un univers assez conformiste, où une multitude de règles et de conventions doivent être respectées. Le deuxième, quant à lui, laisse libre cours à l’expression de soi, et tend à déconstruire ces conventions. Ces deux mondes semblent donc être diamétralement opposés.
Phil Collins, avec Bring Down The Walls, facilite un rapprochement entre ces deux entités en transformant l’espace de danse en lieu d’échange et d’apprentissage. La parole est donnée aux membres des communautés majoritairement touchées par les politiques régressives d’incarcération. Cet espace réussit à rallier deux univers à priori paradoxaux en abordant de manière critique et théorique la problématique entourant les prisons, tout en laissant place à l’expression libre de l’environnement du club.
Dans la galerie G5a de la Fondation PHI où est présentée Bring Down The Walls, une installation vidéo documentaire est projetée en tout temps. À quatre reprises [5], durant la période de l’exposition, l’espace se transforme en école de jour avec des conférenciers et des membres actifs des communautés ciblées par la répression judiciaire au Canada et aux États-Unis, et en club le soir avec plusieurs collectifs, DJs et producteurs reconnus de la scène locale et internationale.